Par la fenêtre - Tao Douay
Je connaissais bien les lieux avant de vous y voir ; deux ans passés à suivre la vie du quarter, l'évacuation des habitants, le silence funeste qui précède les ruines. Puis les ruines. Vous avez occupé le dernier immeuble, tout au nord. Après votre départ un nouveau silence s'est fait entendre, présage de l'inéluctable. Je devais faire vite.
A l'intérieur, les fenêtres filtraient une lumière douce qui ravivait les pièces lugubres. Quelques fois j'ai vu vos regards se tourner vers elles, votre être entier paraissait se plonger avec nostalgie dans un passé déjà lointain. Cette image me hantait, tels les revenants qui ne se manifestent que dans l'absence. Il ne s'agissait plus de vous mais d'un souvenir que je devais photographier. Alors j'ai fait venir d'autres personnes, elles ont pris votre place. Elles vous sont aussi inconnues que l'étaient ces habitations transitoires, pourtant toutes deux racontent votre histoire, sans un mot, en silence. Silence qui précède les ruines, ruines qui précèdent le retour à la vie.
(source)
Son œuvre
Vous étiez là puis vous êtes partis. Nous nous sommes à peine vus, deux, trois, peut-être quatre fois. A chaque rencontre nous avons discuté, je vous ai observé mais jamais photographié. Tout s'y prêtait pourtant, les lieux, la lumière, vos visages fatigués mais déterminés, et puis ces tissus colorés...
Vote situation de réfugiés politiques ne vous permettait pas d'être à l'aise avec un photographe. Nous n'avons pas eu le temps de nous connaitre plus, d'autant que je n'ai rien vu venir. Fin de la trêve hivernales, à nouveau le vide. Vous êtes apparus aussi furtivement que vous avez disparu.
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