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En tête-à-tête avec John Trotter

15/05/2018 - 4 minutes
Workshops

Le Samedi 12 mai dernier John Trotter, photographe professionnel, a reçu le Grand Prix ImageSingulières / ETPA / Médiapart au Festival ImageSingulières de Sète. C'est devant une salle comble que cet américain du Missouri s'est exprimé en français. L'émotion était palpable, à la hauteur du travail de l'artiste. Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec lui, en voici le récit.

Un parcours poignant enpreint de tenacité
"Après mes études à l'université du Missouri, j'ai commencé à travailler en tant que photographe de presse nationale et internationale durant 14 ans.
Le 24 mars 1997, lors d'un reportage à Sacramento en Californie, un groupe de jeune m'agresse sauvagement, me volent mes films et me laissent pour mort, baignant dans mon sang sur le bord de la route. Ayant de graves blessures au cerveau, j'ai passé plusieurs années dans un centre de rétablissement où j'ai dû réapprendre à vivre, à marcher, à appréhender comment retrouver la mémoire et surtout à apprendre de nouveau le métier de photographe.

Une épreuve comme compagne de vie
Lors de ce séjour, je suis revenu à la photographie documentant mon agression et ma nouvelle vie. Cela m'a beaucoup aidé à comprendre les expériences que je vivais. Ma vision du monde ayant totalement changé après l'agression, je me suis senti comme réincarné. Ce travail m'a aidé à connecter mes 2 vies, un peu comme si je photographiais ma propre expérience. En résulte un livre, fruit de ce travail.
Puis, le moment venu, j'ai déménagé à New York.

"No agua, no vida" : un projet engagé
En 2001, j'ai commencé un travail sur le fleuve "Colorado" du sud ouest des Etats-Unis, des montagnes rocheuses, jusqu'au nord ouest du Mexique, dans le golfe de Californie où il est totalement asséché.En 1922, le flux de la rivière était divisé entre 7 Etats américains et le Mexique. Un vaste réseau de barage avait été mis en place afin de calmer le fleuve autrefois tumultueux.
Aujourd'hui, ce n'est plus une rivière mais un vaste système de "plomberie" utilisé pour alimenter l'agriculture dans diverses ville des Etats-Unis ; causant ainsi de graves conséquences, liées au dérèglement climatique et au comportements aberrants en termes de consommation. Nous arrivons à terme de l'exploitation de cette rivière dont 40 millions de personnes dépendent et nous allons au devant d'une grande catastrophe, conséquence de nos désirs. 
Ce travail en est le témoignage.

Regard sur un Festival de passionnés

J'ai intégré l'agence MAPS avec d'autres photographes, tous d'origines différentes. C'est à ce moment là, que j'ai décidé de concourir au Festival ImageSingulières. Je suis très heureux et très ému d'avoir reçu ce prix, d'ailleurs, j'ai du mal à réaliser ce qui m'arrive.
Ce travail est né d'une ambition personnelle. Aussi, je suis très heureux qu'il soit ouvert au plus grand nombre.
Que d'autres personnes puissent voir cette série, y trouvent du sens, qu'elles soient connectés émotionnellement avec ce sujet qui me tient à coeur, tout ceci donne du sens à cette cause. C'est vraiment merveilleux.
Egalement, je suis très reconnaissant envers les membres du jury qui ont choisi de mettre en valeur mon travail. Grâce au Grand Prix, je vais pouvoir poursuivre ce projet.
Je tenais à ajouter qu'ImageSingulières est un Festival remarquable qui génère une belle énergie autour de la photographie ; ceci est rendu possible gâce aux personnes passionnées qui y travaillent".

Nous ne manquerons pas le prochain rendez-vous avec ImageSingulières en 2019. Nous avons hâte de voir la suite du travail de John Trotter.

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[WORKSHOP] L'art du portrait avec Yann Rabanier à l’ETPA

05 novembre 2024

Nous avons récemment accueilli Yann Rabanier, ancien élève à l'ETPA aujourd'hui portraitiste reconnu ayant photographié des personnalités comme Marion Cotillard, Adam Driver, Ryan Reynolds et autres, pour un workshop entièrement dédié au portrait. Ce workshop captivant a permis aux étudiants de se confronter aux réalités de la prise de vue professionnelle et d’affiner leur approche du portrait.Session en studioPremière approche : diagnostic et inspirationLe workshop a débuté par une évaluation des compétences de chaque étudiant. Yann Rabanier commence d'abord par examiner des clichés faits par les étudiants, de discuter des démarches créatives, et de mesurer le niveau de chacun, un préambule essentiel pour adapter son accompagnement aux besoins individuels. Viens ensuite au tour du professionnel de présenter son propre travail, expliquant ses techniques et sa façon de travailler à travers l'observation de son travail. Par des exemples concrets, il décortique les coulisses de certaines de ses photographies, en abordant des aspects essentiels comme la gestion des modèles, les relations avec les clients et les attachés de presse, mais aussi la préparation et les ajustements lors des séances de prise de vue.La pratique : sessions en studio et en extérieurAprès cette introduction inspirante, les étudiants passent à la pratique avec des séances de portrait en conditions réelles. L’exercice se déroule à la fois en studio, avec cinq postes installés pour l’occasion, et en extérieur, permettant de varier les contextes et les ambiances.La difficulté de l'exercice réside dans le temps donné aux étudiants qui ont dû composer avec des contraintes de plus en plus serrées pour les habituer à tout type de commande possible. Ils commencent d'abord par des sessions de 30 minutes, puis enchaînent sur des séances de 10, 5, et même 2 minutes. Ce rythme accéléré, inspiré des conditions de travail en environnement professionnel, les a forcés à gérer non seulement la technique photographique, mais aussi la relation avec le modèle et le stress du timing serré. S'en suit ensuite l'analyse des travaux et la correction de certains points en groupe afin d'apprendre globalement les uns des autres.Session en extérieurUn apprentissage immersif et transformateurL’objectif de ce workshop était clair : libérer les étudiants de leurs hésitations dans la gestion des modèles, en les plaçant dans des conditions de celles d’une commande professionnelle. En les poussant à réagir face aux aléas, à gérer la pression du temps et les imprévus, Yann Rabanier leur a permis d’acquérir une assurance précieuse. Au fil des sessions, l’évolution des étudiants est flagrante, et leurs progrès témoignent de l’efficacité de cette immersion dans l’univers exigeant du portrait photographique.Évaluation en groupe des rendus finaux 

Etpa - Actualités
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[ATELIERS PHOTO] Apprenez auprès de professionnels de la photographie !

03 mai 2024

Participez à nos ateliers photographie tous les mercredis de 14h30 à 16h30, à partir du 15 mai 2024 !L'ETPA vous ouvre ses portes chaque mercredi à partir du 15 mai 2024 pour vous proposer de participer à des ateliers photographie gratuits et ouverts à tous les passionnés de photographie. Ces ateliers, vous permettront de rencontrer des professionnels de la photographie et d'avoir également des conseils de leur part dans la réalisation ou le perfectionnement de votre portfolio de photographe. Ils offrent une occasion unique d’apprendre et se perfectionner dans un cadre d’apprentissage stimulant, encadré par un professeur expert dans ce domaine.Au programme :Nous vous proposons cet atelier pour découvrir l'ETPA et apprendre auprès de professionnels de la photographie expérimentés. L'objectif est de vous accompagner et vous aider à révéler votre potentiel à travers des conseils à la fois techniques et artistiques autour de vos créations. Nous vous proposons donc un suivi personnalisé, basé sur vos créations et votre univers artistique. Au programme des ateliers:- Analyse de vos Photos : Apportez vos travaux et recevez des conseils avisés de nos professeurs experts pour améliorer votre technique et votre créativité.- Améliorez votre Portfolio : Bénéficiez de conseils pour perfectionner votre portfolio et mettre en valeur votre talent.- Découverte des locaux et du matériel : Visitez le campus et découvrez le matériel utilisé par nos étudiants pour donner vie à leurs projets artistiques.‍‍Cet atelier est l'occasion de plonger dans l'univers professionnel de l'image et d'explorer les possibilités offertes par nos formations.Inscrivez vous gratuitement Informations pratiques :Tous les mercredis à partir du 15 mai 2024.De 14h30 à 16h30Les ateliers sont gratuitsAdresse :50 routes de Narbonne,31320 Auzeville - TolosaneAccessibilité :METRO LIGNE B – ARRÊT RAMONVILLE ST AGNEBUS ligne 6 – ARRÊT MOULIN ARMAND 

Etpa - Actualités
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Interview de Jane Evelyn Atwood

11 février 2021

30 ans d’intervention à la section photo de l’ETPAFêtant cette année, ses 30 ans d’intervention à l’ETPA, Jane Evelyn Atwood est une fidèle de l’école. Chaque année, nos étudiants ont ainsi l’honneur de l’accueillir et de découvrir le parcours professionnel de cette photographe franco-américaine.Tel un passeur de relai, Jane Evelyn Atwood vient raconter les différentes étapes de sa carrière de photographe, de ses débuts, 19 rue des Lombards, jusqu’à aujourd’hui.La rue des Lombards c’était mon ETPAEntretien avec Jane Evelyn AtwoodQue souhaitez-vous transmettre lorsque vous venez raconter votre parcours aux étudiants de l’ETPA ?La passion ! Mais aussi l’expérience. Ça fait longtemps que je fais de la photographie ; j’ai appris de mes erreurs et je leur transmets cela en espérant qu’ils pourront être avertis plus rapidement que je l’ai été. Je suis contente de pouvoir les aider et les inspirer en partageant mon vécu.Je souhaite également leur faire prendre conscience de la difficulté qu’il y a à être photographe. Car même si c’est une passion, ce n’est pas facile. C’est compliqué de devenir photographe, quelle que soit l’époque, et il n’y a pas de mode d’emploi. Selon moi, être photographe est quelque chose qui vient du cœur, des tripes. Il faut que ça soit une passion. Et surtout, il faut avoir quelque chose à dire. Quel est, selon vous, le plus important lors de l’apprentissage de la photo ?Avoir une base technique suffisante pour être capable de faire de la photographie sans penser à la technique.Lorsque l’on conduit une voiture manuelle : on conduit sans penser aux changements de vitesse, on fait ça de manière automatique et l’on regarde uniquement ce qui vient vers nous. Pour moi, il en va de même en photographie. Evidemment, c’est plus facile aujourd’hui, grâce au digital. La technologie du numérique permet d’avoir une marge d’erreur bien plus grande qu’à mes débuts. Lorsque j’ai commencé la photographie, il fallait être précis sur la lumière, sinon on pouvait jeter le diapositif. De la même manière, il fallait décider dès le départ si l’on souhaitait travailler le sujet en noir et blanc ou en couleur. Aujourd’hui la question ne se pose plus puisque l’on peut changer cela après la prise de photo. Justement, vous qui travaillez le noir et blanc, mais aussi la couleur ; diriez-vous que la façon d’aborder le travail est différente en fonction du choix qui est pris ?Complètement ! Pour moi, le sujet va demander d’être fait en couleur ou noir et blanc. Pour mes travaux personnels, ce n’est pas moi qui décide, c’est le sujet qui l’impose. Même s’il est vrai qu’à mes débuts je travaillais en noir et blanc parce que cela était moins cher que la couleur. Vous qui parlez "d’obsession" pour les sujets que vous choisissez ; quand savez-vous que votre travail est terminé et abouti ?Mon travail est très personnel, et chacun de mes sujets commence par une interrogation de ma part. En effet, lorsque je choisis un sujet à photographier, je ne le connais pas du tout. J’apprends à le comprendre en le photographiant. Au fur et mesure que je trouve des réponses à mes questions, d’autres interrogations s’imposent à moi. Et cela continue jusqu’à ce que je puisse apporter une réponse à toutes mes questions. Je dirais donc que j’ai fini lorsque je n’ai plus de question, lorsque j’ai travaillé le sujet de A à Z. Mais je pense que c’est surtout un ressenti. Il n’y a pas de moment exact où je me suis dit que j’étais arrivée au bout de mon travail ; c’est un feeling qui s’impose à moi. Je vous avoue que, même aujourd’hui, je ne suis pas sûre de moi. De ce fait, j’ai une tendance à rester longtemps sur mes sujets. Mais je ne pense pas que cela soit un défaut, car il est très important d’être en accord avec soi-même lorsque l’on décide d’arrêter un sujet. Diriez-vous que la relation que vous avez avec vos sujets pourrait être comparable à une relation amoureuse ?C’est toujours une relation d’amour. Et même si je suis triste lorsque j’arrête de travailler sur un sujet ; je ne leur dis pas Adieu. Je m’interdis de penser que je ne reviendrais jamais sur ce sujet car si je faisais cela, je serais alors bien trop triste d’arrêter. Et puis, de toute façon ce n’est pas comme cela que ça se passe. Par exemple, lorsque j’ai sorti mon livre sur les prisons (Trop de peines. Femmes en prison), j’ai eu plusieurs autres commandes sur l’incarcération. On compare votre façon de travailler à celle d’un cinéaste. Pour vous, quelle est la différence entre le cinéma et la photographie ?La grande différence est évidemment qu’avec le cinéma, ça bouge. J’adore le cinéma, et j’aurais pu tenter ma chance dans ce milieu, mais j’étais tellement occupée avec mes photos que je n’ai pas eu le temps d’essayer autre chose. Personnellement, je ne fais pas plusieurs choses à la fois. J’en suis incapable ! Et c’est donc pour cela que j’ai toujours fait de la photographie. Quand je travaille sur un sujet, je ne veux pas me disperser.Toutefois je suis flattée de cette comparaison. Beaucoup de personnes m’ont dit que mon travail sur la Rue des Lombards était cinématographique, que cela soit à cause de la lumière, du manque de lumière ou même de l’ambiance. Cela me fait toujours très plaisir. Pour vous, quelle est la qualité essentielle pour faire du photoreportage ?L’honnêteté ! Il ne faut pas tricher ou faire de mise en scène. Le photographe doit photographier ce qu’il a devant les yeux. Et je pense que cela n’est pas négligeable car il faut arriver à le faire de façon à captiver le public.Je dirais que la deuxième qualité essentielle est l’éthique, car je pense que, plus que toute autre sorte de photographie, on regarde le photojournalisme comme une sorte de vérité.Pour exemple, la femme que j’ai photographié en train d’accoucher menottées. À cause de cette photo, l’on sait que c’est ainsi que cela se passait en 1996, aux USA. Et c‘est très important car cette photo a aidé à changer cette pratique.Mais même si cela ne change pas, la photo est une preuve que cela existe et ça c’est primordial.Personnellement, j’aime être considérée comme une photographe et non pas comme une photojournaliste ou une reportrice. Je trouve cela trop sectaire, et je tiens à ma liberté de photographe. J’aborde tel ou tel sujet selon ce que je considère nécessaire pour ce sujet, sans rester bloquée dans une case. À quel moment vous êtes-vous sentie photographe ?Cela est arrivé longtemps après mon premier travail, sur les prostituées. Je pense que j’ai pris conscience que j’étais photographe lorsque j’ai remporté le Prix W. Eugene Smith, même si lors de l’obtention de ce prix j’étais très anxieuse.Je photographierai toute ma vie. C’est ce que je suis.(Image à la Une, photo de Claude Truong-Ngoc)

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