La lune de Payne de Ljubisa Danilovic
02/07/2018 - 4 minutes
Actualité
Comment êtes-vous devenu photographe ?
J’ai toujours eu l’envie d’être photographe sans bien l’identifier ou la comprendre. Je suis devenu photographe professionnel assez jeune. J’étais très interessé par l’idée de voyager et de voir le monde ; Puis j’ai découvert aussi que j’avais envie de raconter des choses, de me raconter. C’est la photographie qui m’a amené à comprendre que je pouvais l’utiliser aussi comme un moyen d’expression personnelle. J’ai d’abord été photo journaliste puis je me suis orienté vers un travail d’auteur.
Que raconte cette série ?
La lune de Payne c’est un questionnement sur l’effondrement sociétal que je redoute, mais également sur un effondrement d’ordre psychique. Le décor est planté dans le delta du Danube en Roumanie, que j’ai découvert il y a une dizaine d’années et dont je suis tombé amoureux. C’est un très bel endroit et c’est dans ce décors que j’ai souhaité planter ce travail. Je me suis aperçu que souvent dans la façon dont naissaient mes projets il y avait une fascination pour un territoire et un questionnement sur ce qui me lie à ce territoire. C’est une projection que je fais.
Ce travail est une fiction dont les personnages sont des personnages de mon intérieur. Les gens que l’on peut voir sont des survivants d’un grand effondrement à venir. Pour moi le delta du danube c’est un peu le pendant de la lune sur terre. C’est un lieu vide désolé où il n’y a rien.
Vous travaillez également en argentique, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Je travaille en argentique et en numérique. Je trouve que l’argentique a un véritable interêt pour nous sortir de l‘illusion de l’illimité qu’a le numérique. Mais ma façon de travailler ne dépend pas du procédé.
Pourquoi le choix du noir et blanc ?
Jusqu’à présent j’avais tendance à dire que le noir et blanc insistait sur le fait que l'on était pas sur un travail d’illustration. Mais que le propos des images se situait entre les images et dans une narration. Ce n'est pas tellement ce que j’ai vu qui compte mais plutôt ce que j’ai ressenti à travers les images. J’ai une préférence pour le noir et blanc car c’est un univers mental, j’ai l’impression que je me souviens plus des choses en noir et blanc.
Quel est votre point de vue sur l’idée du campus à Vendôme ?
J’ai trouvé le campus très éclectique avec des propositions très différentes et des étudiants différents qui venaient d’écoles différentes. Je pense que ça a été une expérience enrichissante pour chacun. C’est pertinent de faire se rencontrer des gens aux pratiques différentes.
Que pensez-vous des travaux des étudiants ?
De mon point de vue d’auteur, j’ai trouvé qu’il y avait un vrai questionnement des étudiants de l’école ETPA, sur le fond, avec une volonté d’exprimer quelque chose ; et parallèlement, une vraie maîtrise technique. La formation doit être complète au vu du travail des étudiants.
Et que pensez-vous des travaux présentés au prix Mark Grosset ? et de votre rencontre avec les étudiants du campus ?
Le niveau général est bon c’est élevé. Même parmi ceux qui n’ont pas gagné, il y a toujours de belles écritures. Être sélectionné ce n’est jamais un hasard. Le travail est vu et peut être suivi par les professionnels comme par le public. C’est une façon très privilégiée de montrer son travail à des gens auquel nous n’aurions pas accès. Et tôt ou tard cela portera ses fruits.
Découvrez le travail de Ljubisa Danilovic aux Promenades Photographiques de Vendôme jusqu'au 2 sepembre 2018.
Pour suivre son actu : http://www.ljubisadanilovic.fr/
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